lundi 18 octobre 2010

Le Canada aux Nations unies


La semaine dernière a été particulièrement éprouvante pour l'image du Canada à l'étranger et plus spécifiquement lors du vote qui s'est tenu à l'Assemblée générale des Nations unies à New York.

L'Allemagne, le Portugal et le Canada étaient sur les rangs pour combler deux postes au Conseil de sécurité de l'organisation internationale. Au troisième tour, voyant que sa candidature était boudée par les délégués au profit du Portugal, le Canada a préféré se retirer plutôt que de perdre.

C'est un changement de cap majeur pour le Canada qui, chaque fois qu'il a présenté sa candidature depuis 1948, a toujours réussi à obtenir les appuis nécessaires pour se faire élire au sein de ce club sélect que représente le Conseil de sécurité. Qui plus est, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères ont fait pour la première fois activement campagne.

Plusieurs éléments expliquent la récente déconfiture du Canada. J'en retiendrai quelques-uns. Tout d'abord, l'abandon d'une approche équilibrée en matière de relations internationales au profit d'une politique de plus en plus calquée sur celle des États-Unis; ensuite une position sans nuances face au conflit israélo-palestinien; comme son changement de politique en matière de développement où l’on a vu le gouvernement réduire de manière significative les budgets destinés à l’Afrique au profit de l’Amérique Latine; puis l'absence remarquée de Steven Harper lors de l'assemblée générale de l'ONU l'année dernière au profit d'un événement partisan tenu dans un Tim Hortons; son refus répété de respecter les engagements du Canada en matière d'émission de gaz à effet de serre, ses nombreux reculs face au Protocole de Kyoto et son très mauvais dossier lors du sommet de Copenhague sur les changements climatiques sans oublier son refus de signer la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et sa nonchalance à défendre et à soutenir les grands textes et les grandes conventions auquel le Canada est signataire comme celles traitant des enfants soldats (on pense ici à Omar Khadr) ou encore la Convention de Genève que le Canada refuse d'appliquer dans son traitement du transfert des prisonniers afghans.

Comment s'étonner devant un dossier aussi contestable que les délégués se soient montrés réticents? On peut les comprendre.

Ce qui est franchement incompréhensible cependant c'est la tentative ratée des conservateurs de faire porter leur échec sur d'autres qu'eux-mêmes. C'est la même approche qu'ils ont adoptée sur la scène domestique et qui consiste à nier la réalité lorsque celle-ci ne cadre pas avec leur approche idéologique que les conservateurs adoptent sur la scène internationale pour tenter expliquer leurs déboires de la semaine dernière. Ils viennent de se rendre compte, s'ils ne le savaient déjà, que sur la scène internationale les effets de politiques mal avisées peuvent avoir des conséquences immédiates et qui mettent à mal le prestige d'un pays. C'est à souhaiter que la leçon porte et que les conservateurs décident de modifier leur attitude. Ce dont je doute, tellement ils sont figés dans leur carcan idéologique rétrograde.


Pierre Paquette

vendredi 8 octobre 2010

La conception de la responsabilité ministérielle selon les conservateurs


On se souviendra que les conservateurs ont refusé au printemps dernier que le personnel politique des ministres ne comparaisse devant les divers comités de la Chambre des communes. Ils ont donné comme motif que seuls les ministres étaient détenteurs de la responsabilité ministérielle et qu’à ce titre ils étaient les seuls capables de répondre des gestes de leur personnel. Leur interprétation tordue de la responsabilité ministérielle a fait en sorte qu’ils ont sommé leur personnel politique de boycotter les travaux des comités. Des ordres de comparaître émis par certains comités sont donc restés lettre morte, les témoins refusant de se présenter. Les ministres étaient tellement convaincus de leur position qu’ils se sont présentés personnellement devant les comités pour témoigner en lieu et place de leur personnel politique. Les membres des comités ont refusé de les entendre au motif que la responsabilité ministérielle ne s’étendait pas au personnel politique des ministres. Cette partie de bras de fer avait connu une accalmie avec la relâche estivale, mais voilà que cette problématique refait surface avec la récente démission de Sébastien Togneri, responsable des communications du ministre des Ressources naturelles Christian, qui a reconnu avoir violé la loi d’accès à l’information en tentant de soustraire au public des informations et des renseignements relatifs à l’amiante que les fonctionnaires responsables de l’application de la loi avaient pourtant autorisés.

Après avoir reconnu trois infractions à la loi d’accès à l’information, l’employé du ministre a donné sa démission qui a été acceptée par le ministre. Avec cette démission se pose alors l’avenir du ministre. Si, selon le ministre c’est lui et lui seul qui est responsable des gestes de son employé, en bonne logique le ministre devrait aussi démissionner. Mais s’il ne démissionne pas, on comprendra que la notion de la responsabilité telle que la présentaient le leader du gouvernement et le ministre Paradis ne visait qu’à empêcher le témoignage du personnel politique en comité et à se défiler de leur obligation de rendre compte.

Pierre Paquette