lundi 8 novembre 2010

Le Canada se déshonore

Dimanche dernier Omar Khadr a été condamné à 40 ans de prison par un tribunal militaire américain de Gantànamo. Quelques semaines auparavant les avocats de Khadr avaient négocié avec les avocats de la poursuite une peine réduite en échange d’un plaidoyer de culpabilité. L’entente stipule que cet enfant soldat qui était âgé de quinze ans au moment des faits purgera 8 ans de prison dont un an dans une prison américaine et les sept autres dans une prison canadienne. Depuis le début du procès, le gouvernement conservateur a toujours affirmé que cette cause ne le concernait pas puisque Khadr faisait face à une poursuite devant des tribunaux américains. Pourtant, on apprenait selon des notes diplomatiques échangées entre le gouvernement canadien et américain que le Canada ne s’objecterait pas à ce qu’Omar Khadr purge les sept années de sa peine dans une prison canadienne s’il en faisait la demande en vertu de la loi sur le transfèrement des prisonniers. Cette réponse des autorités canadiennes fait donc la preuve que le gouvernement canadien était partie prenante aux négociations pour la portion de l’entente qui traite du lieu où sera purgée la sentence. Or, Lawrence Cannon, le ministre des Affaires étrangères a toujours répondu en Chambre que le gouvernement canadien n’était d’aucune manière intervenu dans ces négociations.

Cette triste saga nous en dit beaucoup sur les efforts que ce gouvernement est prêt à déployer pour venir en aide à ses citoyens en difficulté à l’étranger. Le Canada a pourtant signé une convention internationale des Nations unies sur le traitement à donner aux enfants soldats ce qu’était Omar Khadr à l’époque des faits. Souvenons-nous que ce jeune né au Canada fut emmené par son père en Afghanistan à l’âge de 12 ans. Qu’il fut placé dans un camp de talibans jusqu’à l’âge de 15 ans au moment où les événements qu’on lui reproche ont eu lieu. Est-ce qu’en vertu de cette convention Khadr a obtenu la protection et la défense à laquelle il était en droit de s’attendre en tant qu’enfant soldat et citoyen canadien? La réponse hélas est non. Ceux qui se portent à la défense de Khadr ne sont pas des sympathisants des talibans, des intégristes ou des amis d’Al Quaida comme certains voudraient le faire croire, mais des citoyens qui sont atterrés du comportement des conservateurs dans le dossier des droits humains. Ceux qui se portent à la défense de Khadr sont ceux et celles qui défendent le principe qui veut que peu importe que l’on s’appelle Tremblay, Thompson, ou Khadr, tout citoyen qui répond aux critères définis dans les traités internationaux signés par le Canada est en droit de s’attendre que ces droits soient protégés et défendus activement par les autorités canadiennes. L’attitude et la position de ce gouvernement dans ce dossier, sans parler de la désinvolture et du mépris affichés à l’endroit de ses propres cours de justice sont accablantes. Rappelons que la cour fédérale, la cour d’appel fédérale et la Cour suprême ont toutes reconnu que les droits constitutionnels d’Omar Khadr étaient bafoués à Gantànamo.

En refusant d’agir, le Canada s’est déshonoré et a rejeté l’engagement qu’il avait pris de protéger les enfants-soldats. Mais il y a plus encore et le signal le plus troublant est qu’à l’avenir les citoyens canadiens ne pourront plus se fier sur les traités, les conventions et les ententes que le Canada a solennellement signées devant la communauté internationale pour obtenir aide été secours de leur gouvernement. Désormais, ils devront se débrouiller tout seuls, car au chapitre des protections offertes à ses ressortissants le Canada, sous la gouverne des conservateurs, n’est plus fiable.

Pierre Paquette

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