jeudi 21 janvier 2010

Entrevue complète à Maisonneuve en direct - 5 janvier 2010

Maisonneuve : Pierre Paquette bonjour.

Pierre Paquette : Bonjour monsieur Maisonneuve

Maisonneuve : Monsieur Paquette, même pour vous c’est un peu la même question. Stephen Harper avait le droit légal de poser ce geste, de mettre un terme à la session.

Pierre Paquette : Oui, en termes de procédure il n’y a aucun problème. La question c’est que c’est la 3e fois en l’espace de 2 ans que le premier ministre Harper, les conservateurs,…

Maisonneuve : J’avais en mémoire l’an dernier quand il y a eu la coalition.

Pierre Paquette : L’année dernière il y a eu prorogation pour éviter un vote de confiance, mais rappelez-vous qu’à l’automne 2008 monsieur Harper a déclenché des élections malgré sa promesse…

Maisonneuve : Et malgré la loi.

Pierre Paquette : Et malgré la loi qu’il avait lui-même proposée. Et donc, cela fait 3 fois en l’espace de deux ans que le premier ministre conservateur utilise des trucs tout à fait légaux, mais à des fins strictement partisanes pour éviter de répondre aux questions de l’opposition et de la population canadienne et québécoise et ça c’est antidémocratique et je pense que c’est dans ce sens-là totalement illégitime comme décision de la part du premier ministre conservateur.

Maisonneuve : Le premier ministre Stephen Harper disait hier : nous avons pris des décisions importantes dans cette session en 2009, maintenant il est temps de passer à autre chose, il y a d’autres décisions importantes, on va revoir tout notre menu législatif et il y aura un budget. Autrement dit, est-ce que ce qui est le plus important c’est de voir venir vers ce budget là?

Pierre Paquette : Oui, mais le budget, ça ne nécessitait pas de prorogation. Il était déjà prévu. On ne savait pas exactement la date, mais habituellement c’est en février. Ça aurait pu être avant ou après le Jeux-Olympiques. Donc on n’avait pas besoin de proroger pour avoir de nouvelles priorités au plan économique. Par contre, je constate que la moitié des projets de loi qui ont été déposés par le gouvernement au cours de la dernière année n’ont pas été débattus en chambre et donc la moitié de l’agenda parlementaire du gouvernement est mort au feuilleton par une décision du gouvernement et du premier ministre. Ça, c’est complètement contraire à la logique. Je vous rappelle que les projets de loi en justice ils en ont déposé une vingtaine. Il y en a seulement 2 qui ont été adoptés. Donc ça veut dire qu’il y en a eu autour de 15 à 18, si ma mémoire est bonne, qui n’ont pas passé au travers le processus parlementaire. Il y en a plusieurs qui n’ont jamais été même appelés par le gouvernement pour être débattus en chambre, je pense, par exemple, aux crimes économiques. Monsieur Van Loan a fait un gros show médiatique avec ça, mais ils ne l’ont jamais amené pour…

Maisonneuve : Mais monsieur Paquette, ce qu’on nous dit, bien sûr ça peut faire disparaitre les projets de loi, mais en revenant en mars ça peut les ramener si vous acceptez qu’on les ramène dans l’état où ils étaient. S’ils étaient en deuxième lecture, on les recommence en deuxième lecture.

Pierre Paquette : Alors ça évidemment c’est possible, mais encore une fois ça va être le fruit de la négociation. Il est bien clair que, pour nous, il y a des projets de loi qu’on ne veut pas voir revenir à l’agenda législatif. Je pense par exemple au projet de loi sur l’accord de libre-échange avec la Colombie. Pour nous il est totalement exclu que cela puisse faire partie d’une motion qui permettrait de ramener le projet de loi là ou il l’était. Par contre, sur d’autres projets de loi oui, si les partis d’opposition et le gouvernement s’entendent, mais c’est la responsabilité du gouvernement de dégager ce consensus-là. C’est un gouvernement minoritaire et il faut que monsieur Harper comprenne, une fois pour toutes, qu’il doit travailler et collaborer avec les partis d’opposition.

Maisonneuve : Mais est-ce que l’attitude des partis d’opposition ne fait pas dire à Stephen Harper qu’il est un gouvernement minoritaire, mais qu’il peut se comporter comme un gouvernement majoritaire? Parce qu’il y a quand même des annonces de la part de certains partis d’opposition à savoir qu’ils ne vont pas défaire le gouvernement de monsieur Harper.

Pierre Paquette : Mais là, dans ce sens-là, quand on parle effectivement de monsieur Ignatieff qui a déjà signé un chèque en blanc en disant qu’il n’allait pas défaire….

Maisonneuve : Mais il y a le NPD aussi qui avait sauvé le gouvernement.

Pierre Paquette : Moi je pense que l’attitude du Bloc est l’attitude la plus cohérente. Nous on regarde le projet de loi. Si le projet de loi est bon pour le Québec, bon pour la population, on vote pour. S’il est mauvais, on vote contre. Si cela amène des élections, c’est la responsabilité du premier ministre de ne pas avoir tenu compte du fait qu’il était minoritaire et je pense que la prorogation est tout simplement une tactique pour ne pas répondre aux questions du public concernant et la torture en Afghanistan et l’attitude de Harper à Copenhague et aussi un certain nombre de questions au plan économique, je pense à l’assurance emploi ou il y a eu aucune mesure qui a permis aux chômeurs du Québec d’avoir accès à plus de protection au plan économique.

Maisonneuve : Mais monsieur Paquette, quand Stephen Harper dit : écouter là, dans le radar de la population, les préoccupations ne sont pas nécessairement les prisonniers afghans ou autre chose, c’est les questions économiques et c’est dans ce domaine là que nous voulons agir.

Pierre Paquette : Oui, mais comme je vous mentionnais, il n’avait pas besoin de proroger la session. Pour ce qui est du budget, on aurait très bien pu avoir de nouvelles orientations. D’ailleurs, je pense en grande partie que c’est parce qu’il ne veut pas répondre aux questions, en particulier, du Bloc Québécois. Comme je vous mentionnais, sur l’assurance-emploi toutes les mesures qui ont été prises par le gouvernement bénéficient aux travailleurs de l’Ontario et de l’Ouest canadien, mais n’a aucun impact sur les chômeurs québécois. Même chose pour l’aide à l’industrie forestière, ça été complètement exclu par le gouvernement conservateur. Ce sont des questions sur lesquelles nous devrions avoir des réponses et le gouvernement a voulu gagner du temps. Il va arriver probablement avec un budget qui sera inacceptable pour l’opposition, va tenter un coup de force à nouveau. C’est un gouvernement qui est totalement déconnecté de la réalité.

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